Ô toi le musicien qui fait germer ma vie dans ton esprit. Façonne encore ma partition, soulignant toujours un peu plus chaque note du désir de ce son. Qu’il soit dissonant, grinçant ou troublant, entend déjà mon souffle qui caresse tes tympans. De quelle imagination vient ainsi ma construction, qui fait aboutir à tant d’enchantement, poussant la diva à t’accompagner pour me raconter. Choisis encore d’autres instruments et enrichis ainsi mon thème, toujours plus poussé dans l’excès, dans le désordre de cet art qui perce en moi chaque trait de ce que je suis. Trouble passion, frénétique et apaisante à la fois, tu m’enlaces de tes violons, effleurant les touches de ton accordéon, des cordes de ta guitare, me parcourant de ton archer, je laisse courir tes doigts toujours plus agiles sur ton violoncelle. Laisse toi encore aller à faire pleurer ton instrument, fais gémir ces airs nostalgiques qui te portent toujours plus vers moi mais n’oublies pas de frapper les peaux qui transcendent le rythme de ma vie, un peu plus jusqu’à ton âme, portant tout ce que tu as fui.
Ô toi le musicien, je sais bien que si j’existe c’est juste pour expier tes douleurs et tes tortures. Fais moi encore de gaieté pour habiller les sourires dans les yeux. Rends moi un peu plus sensuelle pour que l’autre appréhende mieux sa belle. Tu me prends comme alibi, exutoire à tes dénis. Souviens toi toujours de m’accorder quelques clés sur la portée, afin que ma respiration ne soit pas qu’insatisfaction. Tu souffres encore à me prêter vie mais j’apparais au rythme des sept branches magiques. Je vois toujours plus ton envie dans l’étincelle brûlante de tes yeux qui dévorent mes partitions. Donne moi ton ré et je t’apporterai mon la, ne reste pas en pause, il y a tant de dièses à découvrir entre toi et moi. Fais moi tango, rock ou slow, inspire toi de ceux qui m’ont tant aimée avant toi. Tu n’es ni Mozart, ni Beethoven ou Verdi mais tu sublimes encore un peu plus mes harmonies et tu continues inlassablement, déchiffrant la musique avec raison, la jouant jusqu’à la déraison. Je serai ton requiem si telle est ta volonté. Malgré tout ces accords, même les plus dysharmoniques, rien ne changera jamais et l’immuable vérité prend alors tout son sens dans ce qui fait tomber la sentence : tu es le dieu qui me fait exister et sans moi, tu ne puis t’exprimer…