Je voudrais, pour toi, écrire des mots froids. Qu’ils soient aussi glacés que mes pensées, qu’ils soient aussi plats que tes actes sont lâches. Longtemps, tu m’as accompagnée par mes nuits si blanches. Longtemps, je t’ai gardé ainsi tout au creux de moi. Malgré moi. Malgré toi. J’ai fini de courir après des chimères. J’ai terminé d’avoir des espoirs vains. J’ai achevé mon chemin de croix, sur ce sombre sentier escarpé de montagne bien trop étroit.
J’avoue ici le meurtre, car mille fois je t’ai tué. Dans mes pensées les plus proches de toi, j’ai eu envie de t’assassiner. Te laisser la vie sauve mais t’anéantir au fond de moi, pour ne plus y trouver la trace de ce tatouage au fer rouge que tu m’avais imprimé sur le cœur. Tu ne me fais pas horreur, je n’aurai jamais de dégoût pour toi. Je conserve juste le souvenir de ce que tu étais avant d’être lâche, avant de t’enfuir misérable, par ce dimanche où tu promettais alors que c’est intentionnellement que tu mentais.
Mille fois, j’ai fermé les yeux, j’ai vu ton sang dégouliner de mes mains, qui t’arrachaient le cœur, tout comme le sort que tu avais réservé au mien. J’ai fait ces rêves fous, si affreux et si douloureux. Je les ai juste faits pour tenter de ne plus t’aimer. Bien longtemps j’ai combattu contre moi-même, espérant ainsi te détester, te haïr, te maudire, sans jamais pouvoir y parvenir. Quelle innocente j’étais, de ne pas ainsi réaliser, qu’un amour tel que celui-ci ne meurt jamais.
De mon plus grand bonheur, tu es devenu le cancer de mon cœur. Sans répit, s’acharnant, ce crabe si envahissant, a presque réussi à m’abattre, me laisser agonisante et gisante de ce manque de toi. C’est fini, je suis là, lasse de tes silences assourdissants et de tes fuites toujours plus éperdues. Je voudrais te dire en ce jour, qu’il conserve quelque chose de solennel, que je suis maintenant, en rémission de mon mal de toi. Je voudrais pouvoir guérir mais on ne guérit jamais. Aujourd’hui je le sais, et j’apprivoise maintenant tout cela.
Mes mots traversent les eaux, te rejoignent en pensée. Même lorsqu'ils auront atteint ce morceau de terre, de l'autre côté de la Manche, ils ne seront désespéremment jamais froids pour toi. Qu’ils t’atteignent alors peut-être, dans cette forêt de Sherwood. Toi le Robin des bois qui a volé mon cœur. Tu m’as traversée d’une flèche, toujours aussi bien ancrée. La plaie autour, s’est aujourd’hui refermée. J’aurais voulu des mots de rancœur et d'horreur. J’aurais voulu ressentir l’amertume, laisser vivre l’aigreur. Tout cela reste impossible. Je suis en rémission de toi. Je profite de chaque petit bonheur que la vie m'accorde. Même si je conserve ton empreinte au fond de mon coeur, je les savoure longuement, chacun d'entre-eux, comme si c'était le dernier. Je vis et je réalise doucement, que la vie ne s'arrête pas avec toi, qu'elle continue encore mais cette fois c'est pour moi ! Je t’aime encore malgré tout, je suis juste accoutumée à cet état de fait. Je fais juste chaque jour avec ; avec ce que tu m’as imposé. Et je Tourne enfin la page pour tenter de faire semblant de t’oublier, puisque je n’ai plus mal... enfin je crois.
Dans mes paroles muettes, les mots se dissimulent, les lettres se minusculent, dans l'attente d'une virgule, mais mes sentiments se dissimulent, mes maux se minusculent et je n'attends plus rien de toi.